212021Jan

En France, il existe 800.000 cas d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs, causant 5.000 amputations par an.

Artériopathie oblitérante : c’est quoi ?

Quand l’athérosclérose atteint les artères des jambes, il est question d’artérite des membres inférieurs (AMI) ou encore d’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI).

Les jambes reçoivent le sang propulsé par le cœur par l’intermédiaire des artères : l’aorte, les artères iliaques, fémorales, tibiales et pédieuses. Lorsque ces artères viennent à rétrécir (sténose) ou se boucher (occlusion) en raison de la formation de plaques d’athérome (dépôt de cholestérol), on parle alors d’artérite. L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs est favorisée par différents facteurs de risques de l’athérome comme le tabac, le diabète, un excès de cholestérol, une hypertension artérielle, la sédentarité, l’obésité abdominale, une mauvaise alimentation et des troubles psycho-sociaux.

Risques et conséquences de l’AOMI

Dans le cas où l’AOMI n’est pas stoppée par la prise d’un traitement ainsi que des mesures d’hygiène avec suivi rigoureux, ce grave problème de santé peut conduire jusqu’à l’amputation et fait baisser de façon considérable l’espérance de vie. Il s’agit également d’un signal d’alarme révélant un risque cardio-vasculaire élevé et devant mener à l’appréciation de l’état général de l’individu atteint, avec une recherche systématique de lésions causées par l’athérosclérose dans les artères : maladie coronaire, atteinte des artères du cerveau, atteinte de l’aorte et/ou des artères du rein. C’est encore un problème de santé touchant 5 % des moins de 60 ans et 20 % des 65-70 ans. Il faut savoir que le premier facteur de risque de l’AOMI est le tabagisme chronique : 90 % des personnes atteintes d’artériopathie fument.

Évolution de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs par stade

L’AOMI est une expression de l’athérosclérose, se caractérisant par le développement de plaques d’athérome sur la paroi interne des artères, qui sont des plaques de nature lipidique (dépôt de cholestérol). Ce développement bouche de façon progressive le passage du sang et l’apport d’oxygène aux tissus. L’AOMI se définit par la mesure d’un indice : l’IPS (index de pression systolique), qui consiste à prendre la pression artérielle systolique au niveau des poignets ou des bras et au niveau des chevilles. Un rapport doit ensuite être fait entre la pression artérielle systolique de la cheville droite sur la pression artérielle systolique du bras droit, puis de même sur le côté gauche. Lorsque ce rapport est inférieur à 0,9 à droite et/ou à gauche, alors on considère qu’il y a AOMI. Ce procédé permet de repérer une personne atteinte d’artériopathie même si elle ne ressent pas encore de symptôme. C’est ce que l’on nomme le stade infraclinique.

Stade 1 : infraclinique

Lors du premier stade d’une artériopathie oblitérante, la personne atteinte ne ressent pas de symptôme particulier bien que des plaques d’athérome se soient formées. L’artériopathie est mesurable par l’index de pression systolique (IPS) et nécessite une prise en charge immédiate avec un traitement médical et des mesures pour combattre les facteurs de risque cardio-vasculaire modifiables :

Arrêt du tabac
Traitement d’une dyslipidémie
Traitement d’une hypertension artérielle et/ou d’un diabète
Alimentation équilibrée (moins de gras, de sucre et de sel, plus de fruits et légumes, plus de poisson)
Activité physique régulière avec de préférence 1 heure de marche par jour
Lutter contre la graisse abdominale et les troubles psycho-sociaux (stress et dépression)

Stade 2 : claudication intermittente

Le problème de santé se développant, les premières douleurs à la marche apparaissent. Celles-ci sont ressenties comme une sorte de crampe localisée au niveau du mollet (en cas d’atteinte des artères se situant au niveau du fémur et de la face postérieure du genou). Leur intensité contraint généralement la personne à s’arrêter. La douleur cesse alors en deux ou trois minutes mais peut cependant réapparaître à la marche.

Notez qu’on appelle « périmètre de marche » la distance que peut parcourir un patient jusqu’à ce qu’il soit contraint de s’arrêter à cause de la douleur ressentie. Cette mesure permet d’évaluer le degré de gravité du problème de santé et son suivi. Le traitement, la lutte contre les facteurs de risque, ainsi que le changement de comportement en matière d’hygiène de vie impacteront directement sur ce périmètre de marche qui augmentera alors, signe d’une amélioration.

La douleur, se déclarant au bout de 100, 200 ou 300 mètres, peut varier en intensité selon la vitesse de la marche, de la pente du sol, de la température extérieure ainsi que de l’importance des lésions athéromateuses. La claudication intermittente peut également être accompagnée de douleurs fessières ou de la hanche, lorsque par exemple l’artère iliaque (au niveau du bassin) est atteinte par l’athérosclérose. Toutefois, la gêne occasionnée par cette claudication peut se ressentir de façon différente en fonction de l’activité ou de la sédentarité de la personne atteinte.

Stade 3 : douleurs de repos

Par la suite, si rien n’a été entrepris pour enrayer l’évolution de l’artériopathie oblitérante, les douleurs se font ressentir aussi au repos, notamment dans la position couchée, en particulier la nuit. L’unique moyen de réduire la douleur et étant efficace quelques jours est de positionner ses jambes pendantes hors du lit ou de dormir dans un fauteuil. A ce stade sévère, la prise en charge doit être rapide.

Stade 4 : troubles trophiques, ulcérations et gangrènes

A ce stade ultime, des troubles trophiques (perturbant la nutrition des tissus) apparaissent, avec un processus de dégénérescence qui aboutit à la destruction des tissus. Il s’agit soit d’ulcères artériels au niveau du tiers inférieur de la jambe, du pied ou des orteils, soit de gangrène (mort des tissus à l’arrêt de l’irrigation sanguine), ce qui expose le membre touché par un risque important d’amputation.

L’ischémie aiguë d’un membre se caractérise par la souffrance d’un membre ou de son extrémité en raison d’un manque brutal d’apport sanguin. La douleur ressentie est soudaine, avec un refroidissement et pâleur du membre, ainsi que parfois un trouble de motricité (impotence) et de sensibilité. Il y a dans ce cas urgence vasculaire avec recours de désobstruction de l’artère car la thrombose (obstruction) intravasculaire est en général la cause de l’occlusion au niveau d’une plaque athéromateuse. Le traitement doit être débuté sans attendre : il est nécessaire d’appeler le 15 (SAMU) immédiatement. Cet accident expose la personne atteinte au risque de mort subite ou de laisser d’importantes séquelles.

Un bilan vasculaire complet

Si l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs peut représenter des risques de sévère complication, voire de décès précoce, de la même manière, les autres atteintes vasculaires, au niveau coronarien ou cérébral, constituent un risque à considérer. L’athérosclérose étant un problème de santé diffus, il est primordial de réaliser un bilan vasculaire complet, en recherchant notamment les autres localisations de l’athérosclérose, au niveau de l’aorte, des carotides, des artères coronaires et rénales.

Afin de confirmer l’AOMI, un écho doppler des artères des membres inférieurs doit être effectué. Celui-ci précisera quelles sont les artères atteintes (iliaque, fémorale, tibiale, pédieuses…), le degré des lésions (plaque, sténose, occlusion…), les circulations collatérales dites de suppléance. Un écho doppler des troncs supra-aortiques (au niveau des carotides) et de l’aorte abdominale permettra d’évaluer l’extension du problème des artères. Aussi, la cardiologue doit proposer une épreuve d’effort (ECG) et/ou une scintigraphie myocardique, et si besoin une coronarographie (pour le dépistage d’un problème de santé coronaire).

Tout cela doit se compléter par une prise de pression artérielle afin de rechercher une hypertension artérielle, ainsi que par un examen biologique avec prise de sang destinée à rechercher une dyslipidémie, un diabète, une insuffisance rénale, un trouble de la coagulation, des globules rouges ou des plaquettes.

Prise en charge de l’AOMI

La prise en charge de l’artériopathie oblitérante dépend de son avancée. Dans tous les cas, le traitement à mettre en place est celui de la maladie athéromateuse cardio-vasculaire générale et de ses facteurs de risque. Des mesures d’hygiène de vie doivent être respectées : arrêt du tabac (1ère cause de l’artérite), régime alimentaire et perte de poids si nécessaire. Un traitement médicamenteux doit y être associé : un antiagrégant plaquettaire afin de fluidifier le sang et éviter la formation de caillots qui obstruent l’artère, une statine pour le contrôle du cholestérol et un inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC) protégeant les artères des effets de l’athérome.

Si la prise en charge ne permet pas une amélioration ou en cas de situation grave (ischémie sévère ou aigüe), une revascularisation doit être réalisée par un médecin interventionnel (dilatation et/ou stent) par un chirurgien vasculaire (pontage).



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